Appareils auditifs : enquête révélatrice des défis actuels en audioprothèse

Le reportage de Julien Duponchel, Marie Petitjean, Arnaud Pacary et Adrien Mellot diffusé dans “Envoyé spécial” le 7 septembre 2023, met en évidence un constat alarmant : environ un adulte sur quatre souffrirait actuellement de perte auditive en France, mais tous ne peuvent pas s’offrir ces dispositifs médicaux coûteux. 

Pour remédier à cette situation, la Sécurité Sociale et les mutuelles remboursent intégralement, depuis la loi 100% santé du 1er janvier, certains appareils auditifs une fois tous les quatre ans. Cette injection d’argent public a eu pour effet de stimuler considérablement le marché, avec une augmentation de 90% du nombre d’appareillages en seulement trois ans. 

En parallèle, les centres auditifs ont fleuri un peu partout dans les villes, avec une augmentation de 30 % du nombre de boutiques. Pour encadrer cette expansion des ventes, l’Assurance Maladie a réaffirmé certaines règles de bonnes pratiques : 

• L’appareillage auditif doit être exclusivement réalisé par un audioprothésiste,
• Le diplôme de l’audioprothésiste doit être visible dans son cabinet,
• L’audioprothésiste ne peut exercer dans plus de 3 établissements à la fois,
• La vente d’appareils auditifs à domicile est illégale.

Malheureusement, toutes ces règles ne sont pas respectées par tous les acteurs du secteur.

Le reportage a suivi un groupe de journalistes ayant décidé de tester l’intégrité de certaines enseignes d’audioprothèses. Ils ont téléchargé une application appelée “Hora” pour évaluer leur audition avant de consulter un audioprothésiste. Les résultats de ces tests ont tous montré une audition parfaite.

Ces journalistes se sont ensuite rendus dans trois enseignes différentes, sans avoir de problèmes auditifs ni d’ordonnance. Dans chacun des centres visités, plusieurs problèmes de l’ordre illégaux et malhonnêtes ont été rencontrés : 

• Aucun diplôme n’était affiché dans le cabinet, ce qui signifiait que les patients ne savaient pas à qui ils avaient affaire ni s’il s’agissait d’un audioprothésiste qualifié. 
• Dans un des cabinets, c’est une étudiante légèrement formée en Espagne qui a pris en charge les journalistes.
• Les tests n’ont pas été réalisés dans un environnement insonorisé, une pratique pourtant nécessaire pour obtenir des résultats fiables. 
• Les résultats sont tombés en quelques minutes seulement contre environ 30 minutes pour une procédure standard bien réalisée. 
• Chacun des journalistes s’est vu diagnostiquer une perte auditive “légère” qui nécessiterait une prise en charge rapide.

Des orientations discutables vers des médecins ORL

Les journalistes, arrivés sans ordonnance, ont également été dirigés vers des médecins ORL travaillant en vidéo consultation avec le centre. Une pratique que nous avions déjà dénoncée dans notre article “Comment choisir un bon audioprothésiste ?”.

Dans un des témoignages du reportage, une autre personne dotée d’une audition parfaitement normale s’est vue prescrire des prothèses auditives après avoir été démarchée au téléphone par une prétendue “représentante du ministère de la santé”. Entre-temps, l’audioprothésiste a été remboursé par la Sécurité Sociale et la mutuelle du patient, pour un montant total de 1900 €, pour un appareil inutile et des ajustements fictifs n’ayant jamais eu lieu.

Ce cas, bien qu’il ne soit pas isolé, est malheureusement une partie du triste tableau de la fraude en audioprothèse, qui représente plusieurs millions d’euros de préjudice, selon la Sécurité Sociale. Cette escroquerie cible également des personnes souffrant réellement de troubles auditifs.

Le reportage a exposé un autre volet de cette fraude : des appareillages frauduleux réalisés à domicile. Deux personnes ont été appareillées sans ordonnance, de manière illégale, et ce, directement chez elles.

Un an après l’installation de ces prothèses, ces deux patients n’ont toujours pas revu le “professionnel” qui les a équipés. Incroyablement, aucune modification n’a été apportée à leurs prothèses mal ajustées, malgré la prestation de réglage incluse dans le prix des appareils.

Ni le médecin ni l’audioprothésiste n’ont souhaité s’exprimer sur ces appareillages frauduleux. Cependant, un ancien employé a révélé leur pratique : des techniciens en audioprothèse établissent des factures au nom du président de la firme, bien que cela soit illégal.

Ces pratiques leur auraient généré jusqu’à 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, avec 98% de leurs consultations effectuées à domicile. En 2022, leur chiffre d’affaires mensuel oscillait entre 850 000 et 2 millions d’euros. Des chiffres affolants obtenus malhonnêtement !

“Des millions d’euros de chiffres d’affaires, pour des milliers de personnes équipés en prothèses mal réglées”

-Brice Jantzem, Président du syndicat des audioprothésistes

Le reportage se conclut par une question cruciale : combien d’individus fraudent-ils la Sécurité Sociale chaque année ? Les journalistes ont obtenu la liste complète des audioprothésistes diplômés exerçant en 2023, soit 5 230 professionnels au total. Il s’est avéré que 6% de ces professionnels ne pouvaient pas garantir leur présence auprès de chaque patient.

Face à cette situation, une question demeure : pourquoi la Sécurité Sociale n’a-t-elle pas réussi à identifier ces fraudeurs ? D’après une enquête de la Cellule Investigation de l’Assurance Maladie de Haute-Garonne, en 2022, cinq entreprises frauduleuses ont été démantelées, pour un préjudice total de 100 000 euros et ce, seulement sur le département de la Haute-Garonne. Qu’en est-il donc à l’échelle nationale ?…

Ce ne sont là qu’une infime partie des pratiques illégales et malhonnêtes du secteur, il en existe malheureusement tant d’autres et beaucoup de patients se font avoir. 

Face à ces escroqueries préoccupantes, il est essentiel de savoir comment identifier les audioprothésistes dignes de confiance. C’est pourquoi nous vous recommandons notre article “Les obligations légales des audioprothésistes” qui vous éclairera sur tout ce qu’il y a à savoir sur la loi en audioprothèse.

Chez Unisson, nous mettons un point d’honneur à fournir des services fiables et de qualité. Tous nos audioprothésistes sont hautement qualifiés, diplômés d’Etat et respectent scrupuleusement les règles et les normes établies par l’Assurance Maladie. Nos centres auditifs sont équipés de matériel et de technologies de qualité, qui permettront un bon déroulement de votre appareillage.

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Nous soutenons les initiatives visant à mettre en lumière les pratiques douteuses de certains audioprothésistes et à protéger les patients contre ces arnaques. C’est pourquoi, nous vous encourageons vivement à consulter le replay de l’émission “Prothèses auditives, arnaques au creux de l’oreille”